Impulser une démarche de réflexion éthique pour améliorer les pratiques du soin

L’espace de réflexion éthique de Guadeloupe et des Îles du Nord (EREGIN) a organisé, à destination des professionnels des établissements de la santé et du médico-social, deux jours de séminaire les 26 et 28 juin. Au programme : retours d'expériences et expertises pour exposer les enjeux et l'importance de la réflexion éthique dans le champ du soin et de l'accompagnement.

Qu’est-ce qu’une problématique éthique ? Comment la définir ? Comment la reconnaître ? Mais surtout, comment se l’approprier et la mettre en forme, dans des pratiques, dans une instance ou dans un fonctionnement d’établissement ? Toutes ces questions, devenues désormais essentielles dans le domaine du soin, ont été abordées lors de deux journées de séminaire, organisées par l’Espace de Réflexion Ethique de Guadeloupe et des Îles du Nord (EREGIN), les 26 et 28 juin. La session du 26 juin s’est déroulée au Mémorial Acte à Pointe-à-Pitre et celle du 28 juin sur le site de l’URMA (Université Régionale des Métiers de l’Artisanat) de Saint-Claude.

Destinée aux professionnels du sanitaire et du médico-social (professionnels de terrain, directeurs, usagers et leurs représentants, personnels en lien avec l’accompagnement, etc.), cette rencontre, animée par des spécialistes et acteurs locaux, pour certains membres de l’EREGIN, répond à une demande croissante du secteur.

De plus en plus d’établissements de santé et du médico-social manifestent aujourd’hui le souhait de développer globalement une démarche de réflexion éthique. Les raisons en sont multiples. Depuis plusieurs décennies, les progrès de la médecine ou encore les évolutions sociétales entraînent l’apparition de situations de plus en plus complexes dans le champ de la santé. Des problématiques pour lesquelles les professionnels n’ont pas de réponse, simple ou unique, et qui les conduisent par conséquent à penser et développer davantage les pratiques au regard de l’éthique.

Nouveau référentiel

La période de crise sanitaire du Covid-19 a aussi particulièrement stimulé les réflexions et fait naitre parfois le besoin de développer des instances de réflexion éthique, notamment aux Antilles. Les débats autour du passe sanitaire ou de la vaccination, dans le débat public mais aussi dans le quotidien des établissements, tout comme les choix extrêmement difficiles en réanimation dans la priorisation de patients ont largement pesé dans la balance en prouvant que les questions éthiques étaient incontournables.

Le dernier facteur qui justifie l’intérêt grandissant autour de l’éthique, est la réglementation. En effet, le nouveau référentiel (2022) d’évaluation des établissements de santé et des établissements médico-sociaux de la haute autorité de santé (HAS) a intégré, dans ses critères d’évaluation, les pratiques au regard de l’éthique.

« Le contexte actuel favorise la prise de conscience autour de l’enjeu éthique. Cette demande collective traduit un réel besoin, un intérêt, voire une opportunité de s’engager. Il demeure toutefois beaucoup de questionnements. D’où l’intérêt pour l’EREGIN d’organiser un tel événement », précise Armand Dirand, conseiller et formateur en éthique de la santé.

L’objectif de ce séminaire n’est pas d’apporter une solution « clé en mains  » aux professionnels, mais plutôt un éclairage indispensable via des exemples concrets, sur ce qu’est une réflexion éthique, les différentes formes qu’elle peut prendre, les points de vigilance et bien sûr les potentiels bénéfices pour tous les acteurs du soin : patients, personnes accompagnées, aidants et soignants.

Tout l’enjeu est que les professionnels puissent repartir du séminaire avec des pistes de réflexion sur ce que l’on peut faire en matière d’éthique et comment, grâce à plusieurs pistes d’action à engager. En un mot, que cette journée d’échanges soit la petite étincelle qui impulse toute une dynamique par la suite.

Un projet au long cours

Entamer une démarche de réflexion éthique ne doit cependant pas être considéré comme quelque chose de superficiel par les professionnels de santé. C’est un projet au long cours qui demande un véritable engagement institutionnel et qui ne se satisfait pas de « quelques démarches pour le principe ».

Car les enjeux sont de taille. Acculturer et sensibiliser les professionnels du soin à l’éthique est aujourd’hui indispensable pour garantir des soins de qualité, respectueux des droits des patients et pour maintenir la confiance du public envers le système de santé. C’est aussi une approche positive pour les professionnels de santé eux-mêmes en matière de qualité de vie au travail, car la perte de sens génère aussi une souffrance.

En conclusion, ce séminaire constitue une réelle opportunité pour tous les professionnels d’approfondir leur engagement envers des pratiques éthiques de premier plan. Il entend ouvrir la voie à une prise de décision plus éclairée, à des interactions professionnelles plus respectueuses et à une amélioration globale de la qualité des soins.

Deux jours de séminaire les 26 et 28 juin 2024

Inscription : séminaire sur la démarche de réflexion éthique

Quels sont les enjeux de l'éthique ? A quoi sert un comité d'éthique ? Comment résoudre des dilemmes éthiques ? Respect des personnes : de leur volonté, de leur dignité ; Égalité des individus en droits en maintenant une équité ; Bien-être physique, mental et social, réduction ou suppression de la souffrance ; Extension à l’obligation de prodiguer des soins requis ;
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« La démarche de réflexion éthique est un système gagnant-gagnant »

Dr Philippe Desprez nous livre son point de vue sur l'importance de la réflexion éthique dans les pratiques médicales. Dans cet entretien, il partage ses motivations et les bénéfices qu'apporte cette démarche, tant pour les soignants que pour les patients.

Quelles ont été vos motivations pour introduire la démarche de réflexion éthique dans vos pratiques professionnelles ?

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Cette citation de Rabelais n’a jamais sonné aussi vraie. Selon moi, le rôle d’un médecin est d’admettre qu’il se sert de la science, mais qu’il n’est pas pour autant à son service. Un médecin est obligé d’ajouter à sa démarche scientifique rigoureuse une dimension humaniste. L’un ne va pas sans l’autre. Dès mes premiers mois d’étude, j’ai intégré l’importance d’introduire la réflexion éthique dans toute démarche médicale. Elle permet d’envisager une approche professionnelle plus sereine et par conséquent plus efficace. La démarche éthique apporte une quiétude au praticien et à son équipe, ainsi que des bénéfices importants aux patients et à leur famille. C’est un système gagnant-gagnant à tous les niveaux.

Selon vous, en quoi est-ce nécessaire pour les soignants d’impulser une démarche de réflexion éthique dans leurs pratiques professionnelles / quelle(s) valeur(s) ajoutée(s) offre cette réflexion éthique aux soignants et aux patients ?

La prise de conscience doit d’abord être individuelle, mais pour être efficace, elle doit impérativement déboucher sur une démarche collective. Celle-ci peut être impulsée, voire soutenue, via d’autres professionnels (pas forcément issus du domaine du soin), un comité d’éthique ou encore les services de l’EREGIN, espace de réflexion éthique de Guadeloupe et des Îles du Nord.

Nous ne pouvons pas imposer une compétence éthique aux soignants (médecins et personnel paramédical) car il s’agit non pas d’un savoir-faire, mais d’un savoir-être qu’il faut avant tout suggérer, soutenir et encourager.

Les valeurs ajoutées ? Elles sont nombreuses. Impulser une démarche de réflexion éthique collective au sein des équipes permet de donner du sens, une logique, de la valeur à notre pratique qui ne se limite pas à une répétition de gestes. Vis-à-vis des patients, la démarche éthique est essentielle, car elle favorise et renforce la relation de confiance soignant/soigné. Le patient devient ainsi un partenaire de soin pour une prise en charge bien plus efficiente. En effet, la pratique éthique ne se limite pas aux situations complexes ou aux questions de vie ou de mort, elle vise également à humaniser les pratiques quotidiennes par la bienveillance, le discours, le sentiment de justice, de sécurité, etc.

Quels impacts pensez-vous que cette action de sensibilisation menée par l’EREGIN, les 26 et 28 juin derniers, pourrait avoir auprès des soignants, puis in fine auprès des usagers du système de santé sur notre territoire ?

Aujourd’hui, l’éthique n’est plus un concept étranger aux yeux des personnels de santé. Ce type d’événement est donc une excellente occasion de raviver ce qui est déjà totalement ou partiellement connu. Toutes les personnes qui ont participé aux échanges vont ensuite partager leur(s) savoir(s) au reste de leur équipe. Ce séminaire avait aussi pour objectif d’encourager la mise en place d’une organisation structurée au sein des établissements. C’est donc un point de départ idéal pour prendre la décision de créer un groupe de réflexion éthique, un groupe de référents ou un comité. C’est d’ailleurs une très bonne chose que les services de soins s’emparent du sujet. Mais dans l’absolu, il serait bon que tous les secteurs d’activité se familiarisent avec la démarche de réflexion éthique.  Les professionnels de l’industrie, de la politique ou du journalisme y gagneraient sans aucun doute !

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