Le conseil d’orientation (CO) définit la politique d’un espace de réflexion éthique, et contribue à créer les conditions d’un débat pluridisciplinaire sur les enjeux éthiques du soin et de l’accompagnement. Comment sont recrutés ses membres ? Quel est le profil recherché ? Comment assurer leur formation et la continuité de l’instance ? Tour d’horizon.
L’espace de réflexion éthique de Guadeloupe et des Iles du Nord (EREGIN) renouvelle les membres de son conseil d’orientation (CO) en 2025. Les candidats retenus vont contribuer, pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois, aux actions et réflexions dans un esprit d’indépendance, de pluridisciplinarité et de débat.
Les nouveaux membres seront officiellement nommés entre juillet et septembre 2025.
Composé d’une vingtaine de membres bénévoles (aussi bien des experts dans le domaine de la santé, de la recherche et du médico-social que des personnalités compétentes ou intéressées par les questions éthiques), ce conseil joue un rôle clé dans la promotion des questions éthiques en santé et en sciences de la vie.
Instance de pilotage stratégique, le CO définit les grandes orientations scientifiques et thématiques (projets, programmes d’activités, etc.) de l’espace de réflexion éthique en lien avec la direction et les équipes chargées de les mettre en œuvre. Les membres du CO s’impliquent également dans des actions concrètes— groupes de travail, interventions publiques, comités de pilotage—afin de faire vivre la politique mise en place.
Respect des valeurs fondatrices
Cette étape du renouvellement des membres du CO est essentielle dans la vie d’un espace de réflexion éthique. En effet, ce changement permet d’injecter de nouvelles énergies, de raviver l’investissement individuel et de préserver la vitalité du groupe. C’est aussi l’occasion de faire entrer de nouveaux points de vue, d’enrichir la réflexion et d’éviter que le CO ne s’installe dans des habitudes ou des biais de pensées qui, à la longue, pourraient émousser sa légitimité.
Dans la mesure où le CO est aussi un reflet des forces vives du territoire, il est naturel qu’il évolue en même temps que les partenaires, les institutions et les acteurs locaux. Renouveler les membres du CO est donc une manière de rester en phase avec les mutations du contexte régional. Pour autant, il est tout aussi crucial d’assurer une continuité, de préserver l’ADN de l’espace de réflexion éthique, sa vision et sa cohérence. Il s’agit donc de trouver un équilibre entre nouvelles approches et respect des valeurs fondatrices.
Responsabilité collective
Le recrutement des membres du CO fait donc l’objet d’une sélection attentive guidée par une exigence forte : garantir la qualité de l’engagement. Les espaces de réflexion éthique ne proposent pas un emploi, mais attendent une participation à la fois active et sincère. Il s’agit d’éviter les engagements purement symboliques tout en reconnaissant les intérêts professionnels légitimes, notamment dans les établissements où l’éthique fait désormais partie des critères d’évaluation. Le processus de sélection revêt un caractère à la fois stratégique et éthique : les membres du CO portent une responsabilité collective dans la qualité des débats (comme la fin de vie, l’intelligence artificielle, etc.), des actions menées et par conséquent dans l’utilisation des ressources publiques. Leur engagement a des répercussions concrètes sur l’équipe de direction de l’espace de réflexion éthique et plus largement sur les professionnels, les patients, les institutions et la société dans son ensemble.
Formation à deux volets
Quel est le profil idéal d’un membre du CO ? Quelqu’un qui maîtrise bien sûr son domaine de compétence ou qui a l’expérience des situations de soin ou d’accompagnement, qu’il soit médecin, chercheur, psychologue ou représentant d’usagers. Mais pas seulement. Le plus important est sa capacité à douter, à mettre ces savoirs au service de la réflexion éthique et du débat collectif, à accepter de le discuter et surtout à écouter et faire de la place aux autres. Humilité, sens de l’écoute, esprit critique et engagement sont donc des qualités essentielles. Le CO doit, en effet, refléter, une dynamique éthique : une instance où l’on ne défend pas une posture, mais où l’on cherche ensemble à éclairer des zones de questionnements et de complexité.
Parce que la réflexion éthique exige une certaine technicité et une certaine posture, une formation à deux volets est proposée aux nouveaux membres du CO. Le savoir-être, programme dispensé par une psychologue, aborde des questions de dynamique de groupe, d’écoute et de dialogue. Le savoir-faire, ensuite, qui reprend, avec Armand Dirand, consultant en éthique, les bases de la réflexion éthique, la méthodologie du débat, la manière d’animer ou de participer à une discussion structurée.
Le renouvellement des membres du CO s’inscrit donc dans une dynamique à la fois d’adaptation et de continuité. Il permet d’ancrer l’instance dans les évolutions du territoire tout en préservant son identité et sa mission première : porter une réflexion éthique collective, exigeante et éclairée.
