Depuis septembre 2024, l’université des Antilles (UA) accueille sa première promotion d’infirmière.er en pratique avancée (IPA). Cette formation de niveau master inclut un volet éthique assuré par des membres des espaces de réflexion éthique de Guadeloupe et de Martinique.
Depuis 2018, à l’échelle nationale, les infirmiers.ères peuvent accéder au diplôme d’Etat d’IPA (infirmière en pratique avancée). Les études et le diplôme sont accessibles dès la formation initiale, mais pour pratiquer en exercice avancé, les étudiants doivent d’abord travailler trois ans comme infirmier.ère. Cette formation spécifique de deux ans, reconnue au grade de master, est désormais proposée à l’université des Antilles (UA) depuis septembre 2024.
Ce diplôme constitue une évolution importante pour notre système de santé. En effet, les IPA disposent de compétences élargies dans la prise en soins des patient.e.s jusque-là dévolues aux seuls médecins. Ils.elles peuvent ainsi contribuer à l’élaboration du diagnostic médical, à renouveler certains traitements et prescrire les médicaments non soumis à prescription médicale obligatoire ainsi que les dispositifs médicaux.
Cette autonomie renforcée, associée à ces nouvelles responsabilités, confrontent ces professionnel.le.s à des choix parfois complexes où les principes éthiques (bienfaisance, non-malfaisance, autonomie du patient, justice…) jouent un rôle central.
Une des unités d’enseignement (UE) de la première année de master, est intitulée « Responsabilité, éthique, législation et déontologie ». Dans cette UE, les étudiant.e.s sont sensibilisé.e.s aux règles déontologiques et aux pratiques éthiques propres à l’exercice en pratique avancée. Ils abordent également les principes juridiques, notamment ceux liés à l’interprofessionnalité ainsi que le développement d’une approche éthique et réflexive dans les soins. Le module éthique, d’une durée de sept heures, est assuré par des membres des espaces de réflexion éthique de Guadeloupe et de Martinique.
Interprofessionnalité
« En complément de l’approche théorique, les étudiant.e.s travaillent sur des études de cas pratiques pour les aider à identifier, puis à analyser un dilemme éthique », souligne Pierrette Meury Abraham, infirmière en pratique avancée, membre du conseil d’orientation de l’espace de réflexion éthique de Guadeloupe et des Îles du Nord (EREGIN) et co-coordinatrice du master. « Même si ce volet se concentre sur une seule journée, l’apprentissage de l’éthique imprègne l’ensemble du cursus du master. L’enseignement du savoir-être fait désormais partie intégrante de toutes les formations en santé ».
Dans l’exercice de la profession d’IPA, l’interprofessionnalité constitue un défi éthique majeur car l’exercice ne se limite plus à sa seule pratique individuelle comme par le passé. L’IPA sera amené à discuter du cas de la prise en soins lors des temps d’échanges, de coordination et de concertation réguliers, organisés avec l’équipe pluridisciplinaire déployée autour de certain.e.s patient.e.s. Cette formation à la démarche de réflexion éthique lui donnera les outils pour favoriser une écoute active et une communication efficace, lors des prises de décisions avec les autres professionnel.le.es
Les IPA devront également faire face à des situations médicales de plus en plus complexes (vieillissement de la population, augmentation des maladies chroniques ? prévalences accrues des troubles psychiques…) et devront jongler en permanence entre les attentes des patient.e.s et les contraintes du système de santé. Ils seront donc davantage confrontés à des dilemmes éthiques qui nécessiteront une réflexion approfondie avant tout collective. Les sensibiliser au questionnement éthique est donc essentiel pour garantir une prise en soins respectueuse des droits et des besoins des patient.e.s.
