Dans le cadre d’un programme de master en santé, l’espace de réflexion éthique de Guadeloupe et des Iles du Nord (EREGIN) a consacré plusieurs heures de formation sur les enjeux éthiques en matière de prise en soins des patients.
Depuis 2021, l’université des Antilles (UA) propose, en partenariat avec l’université d’Angers, un master en deux ans dédié à la psychologie du vieillissement, qu’il soit normal ou pathologique.
Ce programme répond à une forte demande sur le territoire en formant les étudiants à la théorie, à la méthodologie et à la pratique dans le domaine du vieillissement. Une approche indispensable selon Errol Nuissier, psychologue clinicien et enseignant responsable du master, qui rappelle que « la réflexion éthique est primordiale pour aborder les défis complexes liés à la santé des personnes âgées. Il n’y a pas de pratique professionnelle sans éthique lorsque l’on travaille avec des personnes en souffrance. »
À cet égard, deux unités d’enseignement sont spécifiquement dédiées consacrées à cette thématique : Éthique et fin de vie en master 1 et Éthique et déontologie de la recherche en master 2. L’espace de réflexion éthique de Guadeloupe et des Îles du Nord (EREGIN), représenté par sa directrice adjointe, Corinne Sainte-Luce, assure l’enseignement du volet éthique de cette formation universitaire.
Intervenir dans la bienveillance
« En effet, dans le domaine de la psychologie, la Haute autorité de santé (HAS) estime qu’une personne âgée, qui présente notamment un trouble cognitif, doit être prise en charge avec les meilleurs traitements et surtout dans le respect de sa dignité, poursuit Errol Nuissier. Un être humain, en bonne ou en mauvaise santé, qui plus est dans une situation de fragilité, doit être impérativement respecté. »
Il est, par exemple, essentiel de considérer le patient comme élément central, quoi qu’il arrive. Son bien-être et ses souhaits doivent guider la prise en soins du patient par l’ensemble des équipes.
« Nous apprenons aux étudiants à toujours intervenir dans la bienveillance pour améliorer et soulager une personne âgée, particulièrement en cas de douleur, poursuit le psychologue clinicien. Parfois, il est préférable de ne rien faire plutôt que d’aggraver une situation. Quels que soient son âge et son degré de lucidité, une personne a le droit de faire entendre sa volonté et d’exprimer ses souhaits. »
Dans le domaine de la fin de vie, en particulier, certaines demandes peuvent être formulées concernant la désignation d’une personne de confiance, les soins palliatifs, la réanimation, les choix funéraires (enterrement, crémation), etc. « Même si ces décisions ne plaisent pas aux proches du patient, elles doivent être prises en compte par les équipes médicales. Il en va de la dignité et de l’autonomie de la personne âgée. »
Respecter la confidentialité, le niveau de culture et la compréhension
Au cours des enseignements, le principe de collégialité, fondamental dans le domaine de l’éthique, est naturellement souligné auprès des étudiants. « Chaque membre de l’équipe pluridisciplinaire joue un rôle essentiel, car chacun apporte des informations importantes sur le patient, commente Errol Nuissier. Cela permet d’adapter les soins de manière optimale en tenant compte de tous les aspects de sa santé. En somme, chaque information partagée contribue à garantir la sécurité et le bien-être du patient. »
Les situations les plus complexes surviennent souvent chez les patients âgés atteints de troubles cognitifs. Le défi éthique consiste à protéger le patient tout en respectant sa liberté et son bien-être. La relation entre les professionnels de santé et les membres de la famille est aussi un thème abordé. « Il faut savoir écouter leur souffrance tout en étant capable de dire non lorsque cela s’impose. »
Le volet sur la déontologie de la recherche est surtout l’occasion de rappeler l’importance de certaines considérations éthiques. Selon Errol Nuissier, « tout travail de recherche doit respecter la confidentialité, mais aussi la culture, le niveau de compréhension et les souhaits des individus. »
Ce master, plutôt complet, arrive donc à point nommé dans un contexte où la prise en charge des personnes âgées par des professionnels compétents et reconnus est plus que nécessaire. « Il permet à des psychologues d’inscrire leur pratique dans une réflexion sur la portée de leurs actes et son impact sur les personnes », conclut Errol Nuissier. La prochaine promotion débutera les cours à la fin du 1er trimestre de 2026.
©crédit photo : Patricia Lépine