Parce qu’il touche à la mort, au corps, aux croyances et au lien à l’autre, le don d’organe soulève des questionnements profondément éthiques. Dans le cadre d’une campagne de sensibilisation menée en Guadeloupe, l’EREGIN rappelle l’importance de penser collectivement ce geste en interrogeant le consentement, les convictions personnelles et l’équité d’accès à la greffe.
À l’occasion de la journée nationale de réflexion sur le don d’organes, célébrée chaque 22 juin, l’Agence de santé de Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, l’agence de la biomédecine et le CHUG ont lancé une campagne de communication pour sensibiliser la population à cet acte particulièrement engageant. Objectif : inciter chacun à parler de sa position, pour ou contre le don d’organes, avec ses proches. Car en Guadeloupe, si plus de 60 % des habitants se déclarent favorables au don, seuls 33 % en ont déjà parlé en famille. Or, selon l’Agende santé, « cette conversation, aussi simple soit-elle, peut permettre de sauver jusqu’à sept vies. »
Cette campagne, s’inscrit dans un contexte local marqué par des besoins élevés en greffes notamment rénales, en raison d’une prévalence de la maladie rénale chronique deux fois plus élevée aux Antilles-Guyane que dans l’Hexagone. En 2024, 33 greffes rénales (seules greffes pratiquées localement) ont été réalisées au CHU de Guadeloupe.
L’EREGIN s’associe à cette initiative pour souligner l’importance de la dimension éthique du don d’organes. Derrière le geste médical, il y a un engagement humain, solidaire, mais aussi complexe. Parmi les questionnements éthiques soulevés figurent le respect du consentement, la prise en compte des rites culturels et religieux, ou encore la manière de garantir l’équité d’accès à la greffe.

Une conférence-débat en octobre 2025
Autre enjeu d’actualité : le CHU de Guadeloupe est en bonne voie pour obtenir l’autorisation de mise en œuvre de la procédure dite Maastricht III, après une visite d’évaluation réalisée en mars 2025 par des experts de l’agence de biomédecine. Cette procédure, plus récente, encadre le prélèvement d’organes sur des patients décédés après un arrêt cardiaque à la suite d’une décision d’arrêt des traitements. Elle se distingue des prélèvements réalisés jusqu’alors, qui concernaient uniquement des donneurs en mort encéphalique. Maastricht III élargit donc les possibilités de dons, tout en étant strictement encadré sur le plan éthique et médical.
Dans ce contexte, l’EREGIN organisera le 17 octobre 2025, à l’occasion de la journée mondiale du don d’organes, une conférence-débat à destination des professionnels de santé. Elle portera spécifiquement sur les implications éthiques de la procédure Maastricht III et sur les enjeux qu’elle soulève dans le cadre de la greffe rénale.
Par cette mobilisation collective, les membres du Conseil d’Orientation de l’EREGIN souhaitent faire avancer à la fois la médecine, la parole citoyenne et la réflexion éthique autour de ce geste de vie qu’est le don d’organes.